mercredi 18 avril 2018

la 4e dimension (dernier épisode) *paysage 01






Il quitte la ville en regardant dans son rétroviseur le nom d'une agglomération que l'on aperçoit à l'envers: LAMRON. Sur l'écran, les rues qui, à l'instant, s'éloignent dans son dos, nous font face. Nous voyons ce qu'Usher voit: un monde à l'envers qui s'éloigne lentement, un monde qui est l'endroit où il vit, habite, fait ses courses, achète l'édition du matin, mange et dors. C'est la première scène, et dès le premier plan, on comprend que le destin de cet homme, roulant seul au volant de sa voiture, tient le volant à sa place.
Pierre Cendors, Vie Posthume d'Edward Markham



vendredi 6 avril 2018

la 4e dimension… (dernier épisode) *paysage 03






"À quel point du temps, dit Serling, à quel jour, à quelle heure d'une existence, un homme se retrouve-t-il brusquement face à lui-même? Face à sa destinée? Face à une heure où, pourtant, rien d'important ne se passe - une heure normale, quelconque, d'un trajet ordinaire sur la route de tous les jours -, mais où, tout dans l'esprit de cet homme, est sur le point soudain de basculer?
Si personne ne peut le dire avec certitude, une chose est sûre: une telle heure se prépare depuis longtemps pour quelques-uns, depuis l'enfance, et prend des années, la moitié d'une vie, à mûrir avant de sonner. Cette heure est venue pour Damon Usher, 46 ans, célibataire, un homme qui, sans le savoir, vient à cette seconde de franchir une frontière invisible au volant de sa voiture, celle de la Quatrième Dimension."
Pierre Cendors, Vie posthume d'Edward Markham



mercredi 4 avril 2018

la 4e dimension (dernier épisode) – *paysage 02






"On dit que les premières années de l'enfance […], sont les plus importantes, celles qui déterminent le reste de l'existence. On dit sans doute vrai, mais on ne vous dit pas pourquoi c'était important. Ce n'était pas d'être un enfant qui était important dans mon enfance, c'était autre chose. Je ne sais plus ce que c'était. […] 
J'aimais ce qui était silencieux, ce qui ne parlait pas. Les arbres, la neige, la pluie, le vent. Je crois que c'était ça le plus important. Un monde qui ne parlait pas. Un monde d'avant la parole. Un monde sans le bruit de l'homme. Un premier monde. Le monde des commencements, le monde silencieux des premières neiges, de la fonte printanière des lumières, de la fraîcheur tombale des forêts d'été, le monde aux sombres tonales venteuses des nuits d'automne. C'était ça mon premier langage."
Pierre Cendors, Vie posthume d'Edward Markham